Je dédie cet article à ma mamie et mon papi (qui lui n’est plus de ce monde mais qui a toute mon affection).
Nous avons tous en tête notre petite « madeleine de Proust », ce petit plaisir culinaire qui nous ravive tant de souvenirs, les crêpes de mamie pour certains, le pain perdu de maman pour d’autres.
Eh bien pour moi, et pour plusieurs de notre petite famille je pense, la gâche vendéenne est notre madeleine de Proust ; c’est une pluie de souvenirs qui chamboule nos pensées, c’est tous nos séjours et vacances aux Sables d’Olonne chez Papi et Mamie qui reviennent à l’esprit.
Quelques souvenirs évoqués parmis tant d’autres :
la plage de Tanchet, sa petite piscine pour apprendre à nager, ses trampolines, ses vagues ;
la Grande Plage, plus calme et étendue ;
les rochers et tant d’heures de pêche aux crevettes à l’épuisette ;
la « Niniche » et ses inégalables gaufres & glaces ;
une naissance : notre Titou ;
les délicieuses crêpes de la crêperie du Port ;
le Puits d’Enfer et ces vagues qui s’y engoufraient avec vacarme pour se fracasser contre les rochers ;
les yaourts de mamie, toujours aussi bons et attendus ;
les vacances avec toute la famille ;
les ballades sur le Port ;
les courses d’escargots après la pluie ;
Mamie plongeant les homards vivants dans le grand faitout ;
des après-midis bronzette sur les chaises-longues dans le jardin ;
les « doigts de sorcière » ;
les « grogs » au lait et miel de mamie ;
la ballade jusqu’aux blockhaus le long de la côté ;
le Vendée Globe (et toujours un départ sous la pluie !) ;
le vivier et ses tourteaux, araignées de mer, homards… vivants qui nous fascinaient tant enfants ;
les magnifiques fruits de mer toujours plus beaux et bons ;
la tétragone ;
regarder la télé tard le soir avec mamie ;
le préfou et sa forte odeur d’ail ;
…
Tant de jolies choses qui me reviennent en mémoire, des images, des odeurs, des sourires, des saveurs, des larmes et frissons aussi.
Depuis tout ce temps je ne m’étais encore jamais essayée à la confection d’une bonne gâche maison. Et bien c’est choses faite maintenant, et plutôt deux fois qu’une car c’est ici deux versions que je vous propose, la première traditionnelle et tout simplement délicieuse et fidèle à tous nos souvenirs ; la seconde (que j’ai en fait réalisée la première, avec la seule farine trouvée à la boutique BIO car en ce temps de confinement celà devient une denrée rare) mais tout aussi réussie avec les saveurs de la gâche bien présentes.
La recette traditionnelle, pour 3 gâches de taille moyenne :
550g de farine T65 Label Rouge ici (il est conseillé sinon la T45)
25g de levure fraîche de boulanger
110mL de lait
2cs rase de crème fraîche entière (d’Isigny ici)
2 oeuf
1,5cc de sel fin
90g sucre
110g beurre 1/2 sel
3cs de fleur oranger
1 jaune d’oeuf délayé dans une cuillère à soupe de lait pour la dorure
Avant de commencer, placez tous les ingrédients à température ambiante.
Délayez la levure dans le lait, et placez le tout dans le bol du robot (pour moi un Magimix avec l’ustensile double-lame en plastique car je n’ai pas de robot pétrin à crochet). Ajoutez les oeufs, la crème, le sel puis la farine. Malaxez pour bien amalgamer puis commencez à pétrir (si c’est dans le robot actionnez le robot). La boule qui se forme est dure, friable, c’est normal, ne pas réajuster car l’ajout du beurre la rendra plus souple.
Ajoutez le sucre en pluie (le pâton se ramollit et prend une texture agréable), puis quand tout le sucre est incorporé, ajoutez le beurre détaillé en petits morceaux et pétrissez jusqu’à ce que la pâte se décolle des parois, environ 10 minutes (touchez-la de temps en temps pour vérifier qu’elle reste fraîche, sinon arrêter de pétrir et reprenez ensuite).
Pour moi comme ce robot n’est pas très adapté, une fois le beurre incorporé j’ai pétri à la main.
Ajoutez alors la fleur d’oranger et continuez de pétrir 2-3 minutes environ jusqu’à l’obtention d’un pâton élastique, non collant, doux et lisse. Transvasez le pâton dans un saladier en formant une boule, couvrez d’un torchon propre et laissez reposer 6h à température ambiante ; la pâte va doubler voire tripler de volume.
Versez la pâte sur un plan de travail légèrement fariné, dégazez-le et pétrissez 2 minutes. Séparez le pâton en trois parts égales, boulez chaque pâton, puis façonnez-les en « bâtards » (en ovale) que vous déposerez sur une plaque de cuisson recouverte de papier sulfurisé. Laissez reposer le tout de nouveau 1 à 2h, le temps que les brioches triplent de volume.
(Pour cette version j’ai en réalité placé les pâtons au frais pour une nuit car il était tard, je les ai ressorti le lendemain et les ai glissé 10 minutes dans un four tiédi à 50°C et éteint).
Préchauffez le four à 180°C.
Battez le jaune d’oeuf avec le lait et dorez délicatement les brioches (à l’aide d’une petite cuillère pour moi, vous pouvez utiliser un pinceau). Incisez le dessus des brioches sur la longueur et enfournez pendant environ 20 minutes en recouvrant d’une feuille de papier alu au bout de 10 à 15 minutes (lorsque les gâches sont suffisamment dorées).
Laissez tiédir sur une grille puis dégustez. Mais je vous conseille fortement d’en goûter une tranche tiède à la sortie du four, c’est tout simplement divin !
La gâche se conserve bien pendant 3-4 jours, enveloppée dans un papier alu puis dans un torchon propre.
Et voici maintenant ma version un peu moins tradi mais tout aussi bonne ; c’est globalement la même recette et le même process, c’est seulement la farine utilisée qui change, et les quantités car j’en avais préparé ici un peu moins.
Pour une grosse gâche :
300g de farine semi-complète T110 ici
10g de levure fraîche de boulanger
60mL de lait
1cs rase de crème fraîche entière (d’Isigny ici)
1 oeuf
1/2cc de sel fin
40g sucre
50g beurre 1/2 sel ici
2cs de fleur oranger
1 pincée de vanille en poudre
1 oeuf pour la dorure
Suivez toutes les mêmes instructions que pour la confection de la gâche traditionnelle ci-dessus.
Juste prévoyez de ne préparer ici qu’un seul ou deux maxi pâtons.
Pour la cuisson, j’ai laissé cuire cette plus grosse gâche 25 minutes à 180°C, en couvrant de papier alu à mi-cuisson.